Ceci est notre premiere maquette ISSUE DE L'IA ET L'IH.
ameliorons ensemble ce projet, grace a notre intelligence collective et nos reseaux sociaux.
Ce site est une base de travail.
Liberté pour les Ultras !
15 min read
« Sans les ultras, le football ne serait qu’un produit ». Cette formule, souvent visible sur des banderoles en tribune, synthétise l’idéologie d’un mouvement radicalement opposé à la marchandisation du sport. Né en Italie à la fin des années 1960, le mouvement ultra est devenu en quelques décennies une culture de supporters autonome, présente dans des centaines de clubs à travers le monde. Il se caractérise par un soutien inconditionnel à l’équipe, une organisation collective et militante, une esthétique visuelle puissante (tifos, drapeaux, fumigènes), et une distance critique vis-à-vis des institutions du football professionnel.
Longtemps réduit à des clichés sur la violence ou l’ultranationalisme, ce phénomène mérite une lecture plus subtile. Les travaux du sociologue Sébastien Louis (2018), spécialiste du supportérisme européen, montrent que les ultras forment avant tout un contre-modèle de spectateur, privilégiant la fidélité et la ferveur à la consommation passive. Dans la même lignée, Christian Bromberger (1995) et Patrick Mignon (2002) analysent ces groupes comme des « tribus » ou des « microsociétés » fondées sur la répétition rituelle, l’appartenance et la contestation.
Ce texte propose de retracer l’histoire du mouvement ultra, de ses origines italiennes à ses déclinaisons françaises contemporaines, en passant par son essor international. Il s’attarde sur les dynamiques sociales, politiques et culturelles qui façonnent cette culture singulière. Enfin, il rend hommage à deux groupes ultras emblématiques du Montpellier Hérault Sport Club, la Butte Paillade 91 et l’Armata Ultras 2002, témoins d’un certain esprit du football populaire en France.
I. NAISSANCE ET DIFFUSION DU MOUVEMENT ULTRA
I.1 – Origines italiennes (fin des années 1960)
Le terme ultra apparaît pour la première fois en 1969 en Italie, avec la création des Ultras Tito Cucchiaroni à la Sampdoria. Ces groupes émergent dans un contexte de forte politisation de la jeunesse italienne, marquée par les contestations de 1968, la montée des mouvements autonomes et la méfiance envers les institutions. Comme le souligne Alessandro Dal Lago (1990), l’Italie des années 1970 est le creuset idéal pour une nouvelle forme de supportérisme rebelle, où le stade devient un espace d’expression identitaire et politique.
Les Fossa dei Leoni du Milan AC (1968) ou les Commandos de la Roma ne sont pas de simples supporters : ils forment des collectifs organisés, autogérés, souvent en lien avec des réseaux politiques (marxistes, anarchistes, néo-fascistes selon les cas). Pour Dal Lago, l’ultra italien est d’abord un « acteur social localisé », inséré dans un tissu urbain et militant. Il refuse la posture de consommateur et revendique son autonomie vis-à-vis du club, de la fédération et des médias.
L’Italie devient rapidement un laboratoire du mouvement ultra. Dans les années 1980, chaque grand club possède plusieurs groupes rivaux au sein du même virage. L’ambiance des stades devient théâtrale, conflictuelle, parfois explosive. Le recours massif aux fumigènes, aux chants chorégraphiés, aux tifos à message transforme le match en spectacle visuel autant que sportif. Ce modèle sera bientôt exporté.
1.2 – Diffusion en Europe, en Méditerranée et au-delà
Le modèle italien essaime dans toute l’Europe du Sud dès les années 1980. En Espagne, les Boixos Nois (Barcelone) et les Ultras Sur (Real Madrid) reprennent les codes visuels et comportementaux des Italiens, tout en y injectant une coloration politique plus affirmée (respectivement indépendantiste catalane et nationaliste espagnole). En Grèce, Turquie, Croatie ou Serbie, les virages deviennent des bastions identitaires puissamment politisés, comme le rappellent les travaux de Gaye Sowe (2011) sur les ultras balkaniques, où le stade devient un espace de réaffirmation nationale post-yougoslave.
Dans les Balkans, les Delije de l’Étoile Rouge de Belgrade ou les Grobari du Partizan Belgrade affichent une ultra-violence, liée à l’effondrement des États-nations et à la guerre civile. Les supporters deviennent parfois des acteurs politiques et paramilitaires, comme l’a documenté Sébastien Louis (2018) dans ses enquêtes de terrain.
En Amérique du Sud, les barras bravas argentines et brésiliennes ne sont pas des copies des ultras, mais partagent certaines pratiques : autonomie organisationnelle, culture du déplacement, usage de la violence. La différence majeure, soulignée par Julien Sorez (2020), est leur ancrage dans les quartiers populaires urbains, avec des réseaux clientélistes et mafieux beaucoup plus marqués.
Dans les pays du Maghreb, les années 2000 voient naître une génération ultra portée par la jeunesse urbaine. Le cas du Raja Casablanca avec les Ultras Eagles, ou de l’Espérance de Tunis avec les Blood and Gold, a été étudié par Mehdi Alioua (2015) : les stades deviennent alors des espaces d’expression contestataire, notamment pendant les printemps arabes. Le football devient un exutoire social, voire politique.
Ce tour d’horizon montre que le mouvement ultra n’est pas une simple mode vestimentaire ou sonore : c’est une contre-culture transnationale, ancrée dans les réalités sociales de chaque territoire, et souvent en friction avec les pouvoirs.
🟦 II. IMPLANTATION ET ÉVOLUTION DU MOUVEMENT ULTRA EN FRANCE
2.1 – L’arrivée du modèle italien : les pionniers français (1984–1990)
Le mouvement ultra débarque en France avec un léger décalage. Le premier groupe ultra reconnu comme tel est le Commando Ultra 84, fondé à Marseille… en 1984. Il est suivi par les Boulogne Boys au PSG en 1985, les Indépendants à Nice, puis les Green Angels à Saint-Étienne ou les Ultramarines à Bordeaux à la fin des années 1980.
Ces groupes s’inspirent explicitement du modèle italien, que certains de leurs fondateurs ont découvert lors de déplacements ou par correspondance avec des tifosi transalpins. On retrouve dès le départ les grandes caractéristiques : organisation horizontale, présence dans le virage derrière les buts, mise en scène visuelle, rejet du supportérisme « familial » et commercial.
Selon Patrick Mignon (2002), cette émergence correspond à un double mouvement : d’une part, l’apparition d’une nouvelle jeunesse urbaine en quête d’identité collective ; d’autre part, un rejet de la posture de spectateur-consommateur promue par les médias et les clubs. Être ultra, en France comme ailleurs, c’est être actif : chanter, scander, animer, faire du stade un lieu de rituel collectif.
2.2 – Les années 1990–2000 : affirmation, conflits et reconnaissance
Dans les années 1990, le mouvement ultra s’installe durablement dans les virages des clubs de Ligue 1 et Ligue 2. Les Bad Gones (Lyon), les Magic Fans (Saint-Étienne), les Indians Tolosa (Toulouse), les Red Tigers (Lens), les Kop Ciel et Blanc (Strasbourg) ou encore les Gladiators Nîmes participent à la montée en puissance de la culture ultra dans l’Hexagone. Le phénomène devient une constante du football français, tout en restant marqué par des tensions récurrentes avec les clubs, les fédérations et les forces de l’ordre.
Les années 2000 sont marquées par une progressive criminalisation du mouvement, avec la loi Alliot-Marie de 1993 puis les arrêtés préfectoraux d’interdiction de déplacement. Le tournant majeur est le Plan Leproux au PSG (2010), qui dissout de force les groupes de supporters après la mort du supporter Yann Lorence. Cette politique de “sécurisation” aboutit à une déstructuration du virage Auteuil, et à une ambiance aseptisée – un cas étudié en profondeur par Nicolas Hourcade (2013), spécialiste des politiques de maintien de l’ordre dans les stades.
Cependant, la décennie suivante voit un retour progressif des ultras dans les stades français, souvent à travers un dialogue renoué avec les clubs. Des collectifs se reforment, comme le Collectif Ultras Paris (2016), et une conscience de “défense du football populaire” se généralise. Les travaux de Sébastien Louis (2021) mettent en lumière la mutation d’un mouvement de passionnés en acteurs revendicatifs : aujourd’hui, les ultras ne se contentent plus d’animer, ils militent pour une réforme du football.
Souhaites-tu que je continue maintenant avec la partie III (culture et sociologie ultra) ou que l’on retravaille ensemble ce premier bloc avant d’aller plus loin ?
Vous avez dit :
Oui iii et iv stp
ChatGPT a dit :
Super, on continue donc avec :
Partie III : Culture et sociologie ultra
Partie IV : Entre ferveur et controverse
Toujours dans un style académique et accessible, avec des sources citées naturellement dans le corps du texte.
🟦 III. CULTURE ET SOCIOLOGIE ULTRA
3.1 – Organisation et fonctionnement des groupes ultras
Un groupe ultra fonctionne généralement comme une association informelle ou déclarée, régie par une logique d’autogestion, de loyauté interne et de hiérarchie implicite. À la base, on trouve un noyau dur de membres actifs (souvent appelés “capos” ou “anciens”) qui assurent l’animation des tribunes, la coordination des déplacements, la production des tifos, ou la gestion des caisses communes.
Selon Nicolas Hourcade (2013), ces groupes reposent sur trois piliers : le collectif, l’autonomie, et la fidélité. Ce sont souvent des microcosmes très structurés, où la notion de mérite est centrale. Le “statut” dans un groupe ultra ne s’achète pas : il se gagne par l’investissement, la régularité et l’engagement.
Le financement repose sur l’autofinancement (cotisations, merchandising, vente de fanzines), parfois sur des soutiens extérieurs discrets (commerces locaux ou mécènes) mais rarement institutionnels. L’indépendance vis-à-vis du club est une valeur cardinale. Comme le souligne Sébastien Louis (2018), “le groupe ultra est une contre-institution dans l’institution”, ce qui explique les tensions fréquentes avec les directions de clubs, même quand la relation est globalement pacifiée.
Les déplacements sont un autre fondement de la culture ultra. Être présent “à l’extérieur”, même dans des stades éloignés ou à huis clos, est un signe de loyauté absolue. Certains groupes se fixent comme règle de ne jamais manquer un match, quelles que soient les conditions. Cette fidélité est perçue comme une forme d’ascèse, de preuve d’amour désintéressé au maillot.
Enfin, la charte interne (souvent orale) définit les comportements acceptables, les prises de parole en tribune, et parfois les prises de position politique ou sociale. Ces règles ne sont pas négociables, et les manquements peuvent entraîner une exclusion du groupe.
3.2 – Une culture entre rites, codes, et symboles
La culture ultra repose sur une grande richesse symbolique. On y trouve des codes visuels (bannières, tifos, couleurs spécifiques, logos), des codes sonores (chants, tambours, claps synchronisés), mais aussi une culture orale forte (chants traditionnels, slogans, autodérision).
Selon Christian Bromberger (1995), les tribunes sont un “lieu de dramaturgie collective” : chaque match est un rituel, chaque animation une performance. Les tifos à message (“Footeux mais pas pigeons”, “Contre le foot business”, “Fumigènes pas criminels”) sont l’expression visible d’une pensée politique implicite. Il ne s’agit pas seulement de soutenir un club, mais de défendre une conception du football comme bien commun populaire.
La politisation des groupes est diverse. Certains groupes sont marqués à gauche (ex. : Red Kaos à Grenoble, Armata Ultras à Montpellier, Roazhon Celtic Kop à Rennes), d’autres à droite (ex. : ex-Kop de Boulogne, certains groupes lyonnais ou niçois historiquement), d’autres encore revendiquent un apolitisme strict, souvent pour maintenir une unité interne. Comme le rappelle Julien Sorez (2016), cette diversité reflète aussi celle des milieux sociaux d’origine : si les ultras sont souvent issus des classes populaires, ce n’est pas un bloc homogène.
Enfin, les rivalités intergroupes font partie intégrante de la culture ultra : elles peuvent être régionales (Montpellier vs Nîmes, Saint-Étienne vs Lyon), politiques (groupe de gauche contre groupe de droite), ou simplement historiques. Ces antagonismes s’expriment par des chants, des banderoles provocantes, ou parfois des affrontements physiques – même si ceux-ci tendent à diminuer depuis les années 2010, notamment sous la pression des autorités.
🟦 IV. ENTRE FERVEUR ET CONTROVERSE
4.1 – Les contributions positives du mouvement ultra
Malgré leur réputation parfois sulfureuse, les ultras jouent un rôle positif fondamental dans l’écosystème du football, ce qu’ont souligné plusieurs chercheurs et journalistes, notamment dans les travaux de Hourcade (2013), Louis (2018) et Mignon (2002).
Premièrement, ils créent l’ambiance. Dans une époque marquée par la gentrification des tribunes, la disparition des kops anglais et la montée des abonnements premium, les ultras incarnent la résistance du football vivant. Sans eux, de nombreux stades français ressembleraient à des théâtres silencieux. Leur capacité à fédérer des milliers de personnes derrière une même voix, à animer un virage pendant 90 minutes quel que soit le score, transforme le match en expérience collective.
Deuxièmement, ils assument une fonction sociale. De nombreux groupes mènent des actions de solidarité : collectes alimentaires, aides aux sans-abris, soutiens aux hôpitaux, campagnes contre le racisme, etc. En 2020, pendant la pandémie, les groupes ultras de Saint-Étienne, Bordeaux ou Strasbourg ont mobilisé leurs réseaux pour livrer des repas ou du matériel médical. Cette facette du mouvement est souvent ignorée par les médias traditionnels.
Troisièmement, ils agissent comme contre-pouvoirs face aux dérives du football moderne. Qu’il s’agisse de dénoncer les matchs le dimanche à 13h (pensés pour les droits TV), la hausse des abonnements, la privatisation des clubs historiques, ou les projets élitistes comme la Super Ligue, les ultras sont souvent les premiers à réagir, parfois bien avant les journalistes sportifs. Leur parole est brutale, certes, mais souvent lucide.
Enfin, dans leur engagement militant, certains groupes participent à la redéfinition des rapports club-supporter. De plus en plus, les clubs dialoguent avec leurs virages : création de “conventions d’animation” (ex. à Lens, Marseille), légalisation partielle des fumigènes sous encadrement, reconnaissance du rôle structurant des groupes. Cela traduit une institutionnalisation partielle du rôle ultra, comme le montre Hourcade dans ses travaux récents sur la cohabitation entre clubs et groupes ultras.
4.2 – Violences, ambiguïtés et répression
Mais le mouvement ultra n’est pas sans zones d’ombre. Sa dimension contestataire peut basculer dans l’affrontement, la radicalisation ou la provocation. Le recours à la violence, bien que minoritaire, existe. Contrairement aux hooligans britanniques – pour qui la bagarre est centrale –, les ultras utilisent la violence comme un outil secondaire (Louis, 2018), souvent en réaction ou pour défendre leur territoire.
Les incidents sont documentés : affrontements entre groupes (Nice vs Marseille en 2021, Lens vs Lille en 2022), attaques de bus, jets de projectiles, envahissements de terrain. Certains virages ont été plusieurs fois fermés ou suspendus pour usage de fumigènes non autorisés, violence ou injures discriminatoires.
Cette ambiguïté alimente la méfiance institutionnelle. Les préfectures multiplient les interdictions de déplacement, les clubs infligent des interdictions de stade, et les législateurs renforcent les outils de contrôle (billetterie nominative, vidéosurveillance, etc.). La logique de “sanction préventive” domine encore dans la doctrine policière française, même si des voix s’élèvent pour favoriser un modèle coopératif (comme en Allemagne ou en Suisse).
La médiatisation du phénomène reste ambivalente : tantôt folklorisée (chants, tifos, ferveur), tantôt diabolisée (hooliganisme, homophobie, racisme). Peu de médias généralistes prennent le temps d’analyser la culture ultra comme fait social complexe, ce que regrette notamment Jean-Michel De Waele dans ses travaux sur la politisation du football.
Souhaites-tu que l’on avance maintenant sur la Partie V (le cas français et les hommages à la BP91 et à l’Armata), ou que l’on ajuste ensemble ce bloc avant ?
Vous avez dit :
Oui, on peut regrouper l.hommage a BP et armata ds une seule sous partie
ChatGPT a dit :
Parfait. Voici donc la Partie V dans sa version définitive, avec :
une vision large et détaillée du mouvement ultra en France aujourd’hui,
puis un hommage rassemblé à la Butte Paillade 91 et à l’Armata Ultras 2002 dans une même sous-partie, en les distinguant tout en montrant leur complémentarité historique.
🟦 V. LE MOUVEMENT ULTRA EN FRANCE AUJOURD’HUI : DIVERSITÉ, MUTATIONS, EXEMPLES
5.1 – Une scène française riche et fragmentée
À l’échelle européenne, la France s’est imposée comme l’un des foyers majeurs du mouvement ultra, avec une dens
Vous avez dit :
V et cll
ChatGPT a dit :
Parfait. Voici la Partie V complète, suivie de la conclusion.
🟦 V. LE MOUVEMENT ULTRA EN FRANCE AUJOURD’HUI : DIVERSITÉ, MUTATIONS, HÉRITAGES
5.1 – Une scène française riche et fragmentée
À l’échelle européenne, la France s’est imposée comme l’un des foyers majeurs du mouvement ultra, avec une quarantaine de groupes actifs en Ligue 1 et en Ligue 2. Chaque grande ville, ou presque, possède son virage, ses codes, son histoire. Les Green Angels et Magic Fans de Saint-Étienne, les Ultramarines de Bordeaux, les Bad Gones de Lyon, les Indians Tolosa à Toulouse, les Red Tigers à Lens, les Gladiators de Nîmes ou encore les Dodger’s et le CU84 à Marseille structurent une scène riche, ancrée localement, mais marquée par une forte hétérogénéité idéologique, stylistique et politique.
La France est aussi le pays d’un des épisodes les plus brutaux de répression ultra : le Plan Leproux au PSG en 2010, qui a dissous les historiques groupes d’Auteuil et de Boulogne. Cette mesure, prise après des affrontements meurtriers entre supporters, a provoqué une rupture majeure, documentée notamment par Nicolas Hourcade (2013). Il faudra attendre 2016 pour qu’un Collectif Ultras Paris renaisse, dans un cadre plus encadré, mais avec une ferveur retrouvée.
Aujourd’hui, les relations entre groupes ultras et clubs varient considérablement : certains clubs collaborent (RC Lens, FC Nantes, Clermont), d’autres restent dans une logique de méfiance ou d'interdiction (Lyon, Strasbourg, parfois Montpellier selon les périodes). Les préfectures, elles, continuent de multiplier les interdictions de déplacement, malgré les critiques des défenseurs des libertés publiques.
5.2 – Les luttes actuelles des groupes ultras français
Le mouvement ultra français est devenu un acteur militant, structuré autour de causes transversales :
la légalisation encadrée des fumigènes, avec des expérimentations en cours dans plusieurs stades (ex : Vélodrome, Bollaert) ;
l’opposition aux matchs délocalisés ou à horaires absurdes (vendredi 15h, dimanche 13h…) ;
la mobilisation contre les projets de Super Ligue ou les rachats opaques de clubs (ex. : Bordeaux, Nancy, Sochaux) ;
la défense du foot populaire : prix des billets, accessibilité, refus de la billetterie 100 % numérique, maintien des places debout ;
des actions de solidarité locales : collectes alimentaires, hommages à des supporters disparus, soutien à des causes sociales (LGBT+, antiracisme, justice sociale).
En 2022, une coordination nationale non centralisée (via les réseaux sociaux) permet de mener des actions concertées, comme des banderoles identiques dans plusieurs stades contre la Ligue ou la FFF. Ces mobilisations marquent une maturité politique du mouvement, qui ne se limite plus à l’animation de tribune, mais entend peser dans les débats sur l’avenir du football.
5.3 – Hommage croisé à la Butte Paillade 91 et à l’Armata Ultras 2002
Au sein de ce paysage diversifié, le cas montpelliérain mérite une attention particulière. Il illustre à la fois la vitalité, la complexité et la noblesse du mouvement ultra français.
Créée en 1991, la Butte Paillade 91 (BP91) est le groupe historique du virage sud de la Mosson. Elle incarne une fidélité sans faille au Montpellier Hérault Sport Club, même dans les périodes les plus sombres du club (descente, crise financière, discrédit médiatique). Elle se distingue par une ambiance festive, provocante, viscéralement attachée à l’identité locale. Le nom “Paillade”, issu du quartier d’origine du club, est revendiqué comme marque d’authenticité et de résistance au lissage marketing. La BP91 se veut populaire, horizontaliste, rétive aux compromis.
En 2002, émerge un autre groupe : l’Armata Ultras (AU02). Moins nombreux, mais très visibles, ils se démarquent rapidement par leur positionnement clair : antiraciste, antifasciste, solidaire. Leur mot d’ordre est simple : ni récupération politique, ni complaisance commerciale. L’Armata a marqué les esprits par la rigueur de son engagement, son esthétique sobre et ses déplacements constants. En près de 20 ans, le groupe n’a manqué qu’un seul déplacement, à cause d’intempéries. C’est une rareté en France, un symbole de dévotion absolue.
En 2011, lorsque la BP91 est suspendue par la préfecture de l’Hérault après des incidents, l’Armata prend une décision rarissime : cesser volontairement ses activités par solidarité. Une preuve de loyauté intergroupe peu fréquente dans le monde ultra. Ce geste marque profondément la mémoire collective des supporters montpelliérains.
En 2023, l’Armata Ultras 2002 annonce sa dissolution, invoquant la fin d’un cycle. Ce départ laisse un vide dans le virage sud, mais l’héritage demeure immense. L’Armata aura montré qu’on pouvait concilier ferveur radicale, engagement politique sincère et rigueur morale, sans sombrer dans le folklore ni la posture. Leur mémoire est aujourd’hui entretenue par les plus jeunes, dans un esprit de transmission.
La BP91, toujours active, continue de faire vivre l’ambiance de La Mosson, dans un contexte difficile (résultats sportifs en dents de scie, relations fluctuantes avec la direction du club). Sa longévité force le respect : plus de 30 ans de présence, de chants, de déplacements, de lutte contre le mépris du “petit club”, toujours là, même en D2. Elle incarne l’âme montpelliéraine, celle que Louis Nicollin, président emblématique, avait toujours soutenue malgré ses coups de sang.
Ensemble, la BP91 et l’Armata ont façonné un virage unique dans le football français. Un virage qui chante, pense, débat, refuse et aime. Un virage qui mérite plus qu’un regard condescendant. Un virage qui prouve que, même dans un football globalisé, l’ultra local reste une forme de grandeur.
🟦 CONCLUSION
Le mouvement ultra ne peut être réduit à des images de violence ou à des clichés folkloriques. Il est avant tout une culture populaire vivante, née d’une réaction au football moderne, et ancrée dans des formes de collectivité, de fidélité et de contestation. Depuis ses origines italiennes contestataires jusqu’à ses expressions les plus abouties dans les stades français, il a su imposer une présence incontournable dans l’imaginaire du football.
En France, les ultras sont devenus des acteurs sociaux à part entière : animateurs des tribunes, défenseurs du foot populaire, militants associatifs, parfois provocateurs, souvent incompris. Leur existence oblige les clubs, les médias et les institutions à repanser la place du supporter, non comme un client, mais comme un pilier de l’identité du club.
À Montpellier, l’exemple de la Butte Paillade 91 et de l’Armata Ultras 2002 montre que le supportérisme peut être à la fois radical, cohérent, local et digne. Ces groupes ont laissé une trace durable, à la hauteur de leur exigence : faire du football autre chose qu’un produit, en faire une passion collective vécue de façon totale.
Dans une époque où le football tend à devenir un bien de luxe, les ultras rappellent que le foot reste, au fond, une affaire de peuple, de mémoire, de lutte et d’amour.
les eternels apprentis
Contact
contact@eternels-apprentis.fr
© 2025. Tous droits réservés.
Un média indépendant, pour agir concrètement