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Atteindre un niveau intermédiaire au Football

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Dans le parcours de formation d’un joueur de football, le passage du niveau débutant au niveau dit “intermédiaire” constitue un moment charnière. Ce palier ne dépend pas seulement de l’âge ou du nombre d’années de pratique, mais d’un changement de posture : on ne se contente plus de “jouer au foot”, on commence à vouloir progresser avec intention.

Ce moment se situe généralement entre 11 et 14 ans, parfois plus tôt selon le niveau d’exposition au jeu. C’est à cet âge que l’on observe les premiers écarts marqués entre les joueurs qui se contentent de leur acquis initiaux, et ceux qui commencent à structurer leur progression, à s’entraîner de manière plus ciblée, à développer une relation consciente à leur jeu (Delignières, 2014 ; FFF, 2021).

Le risque, à ce stade, est la stagnation. De nombreux jeunes, pourtant motivés, peinent à franchir un cap simplement parce qu’ils continuent de pratiquer “comme avant” : sans planification, sans correction des défauts persistants, sans mise en lien entre technique, physique et intelligence de jeu. Cet article vise donc à fournir une méthode claire pour accompagner ce passage délicat, et transformer le potentiel brut en compétences durables.

I. Consolider les fondamentaux techniques

Un joueur intermédiaire n’est pas celui qui connaît “plus de gestes”, mais celui qui les exécute mieux, plus vite, et de manière plus adaptée aux situations. C’est à ce stade qu’il faut stabiliser la qualité technique, en sortant progressivement du simple automatisme pour aller vers la maîtrise consciente.

I.1. Rechercher la qualité d’exécution

Chaque geste doit désormais être exécuté avec plus de précision et de régularité. Le contrôle orienté, la passe en mouvement, la frappe en course, le dribble combiné avec un changement de rythme : tous ces enchaînements doivent être travaillés dans des situations proches du jeu réel. La pédagogie par situations, validée dans les approches constructivistes du sport (Raiola & Parisi, 2015), favorise cet ancrage fonctionnel.

Il s’agit non seulement de “faire” le bon geste, mais de le faire dans le bon moment, avec la bonne intention. Ce changement qualitatif est déterminant pour franchir un cap.

I.2. Travailler les deux pieds

À ce stade, la dissymétrie latérale est l’un des freins majeurs à la progression. Un joueur qui ne maîtrise qu’un seul pied devient prévisible, limité dans ses choix, et inefficace sous pression. Il est donc impératif d’intégrer des séquences spécifiques de travail du pied “faible” : passes, frappes, contrôles, conduites de balle.

Les études en développement moteur (Magill & Anderson, 2017) montrent qu’une exposition répétée et délibérée à la latéralité opposée permet une amélioration progressive de la coordination, même si le confort initial est faible.

I.3. S’auto-corriger : vers l’autonomie technique

Un joueur qui souhaite progresser doit apprendre à analyser ses propres gestes. Cela suppose d’intégrer des critères de réussite (placement du pied, direction du regard, équilibre du corps) et d’y confronter ses réalisations. L’auto-correction est une compétence-clé du niveau intermédiaire, car elle décuple l’efficacité des répétitions.

L’éducateur a ici un rôle de guide, mais l’objectif est que le joueur développe une auto-évaluation post-action, essentielle pour franchir des paliers (Durand & Pasquinelli, 2011).

I.4. S’entraîner en espace réduit : intensité et prise de décision

Les jeux réduits (1v1, 2v2, 3v3) sont particulièrement efficaces pour affiner la technique en condition réelle. Ils sollicitent à la fois la maîtrise du ballon, la prise d’information, la gestion de l’espace et du temps. L’INSEP (2020) recommande cette approche “à contrainte élevée”, car elle favorise la prise de décision rapide et l’adaptation technique instantanée, qualités essentielles à ce niveau.

II. Développer ses capacités physiques de base

Même si le football reste un jeu de ballon, les qualités physiques deviennent progressivement un différenciateur majeur à partir de l’adolescence. Il ne s’agit pas de faire de la préparation physique “comme les pros”, mais d’introduire des routines simples pour développer l’endurance, la coordination, la vitesse et la tonicité. Ces qualités doivent être travaillées en respectant le développement biologique de l’enfant, et sans charge excessive (FFF, 2021 ; Malina et al., 2015).

II.1. Endurance et répétition d’efforts

À cet âge, le développement du système cardio-respiratoire permet de soutenir des efforts prolongés, à condition qu’ils soient bien dosés. Le but n’est pas de courir longtemps, mais de répéter des efforts courts avec récupération incomplète, à l’image du rythme d’un match.

Les éducateurs peuvent intégrer des formes jouées (jeux à thème, circuit intensif) qui reproduisent des efforts de type intermittent. L’interval training court (15-15, 20-10) devient accessible vers 12-13 ans, sous réserve d’une bonne technique de course.

II.2. Coordination, agilité et appuis

Le développement neuromusculaire atteint une phase particulièrement favorable entre 10 et 14 ans. C’est le moment idéal pour renforcer la coordination fine, la réactivité, et la capacité à changer de direction sans perte d’équilibre (Cazorla, 2011).

Des ateliers de motricité (échelles, plots, parcours dynamiques) combinés à un travail avec ballon permettent d’enrichir la palette gestuelle du joueur, tout en favorisant la vitesse gestuelle.

II.3. Renforcement léger : gainage, posture, mobilité

Une grande part des blessures ou déséquilibres techniques à l’adolescence sont liés à un manque de tonus postural. Sans chercher l’hypertrophie, on peut introduire :

  • Des exercices de gainage abdominal (planche, ponts dynamiques),

  • Des exercices de mobilité active (chevilles, hanches, tronc),

  • Des routines de prévention des blessures (équilibre sur une jambe, stabilisation…).

L’objectif est de stabiliser le corps pour libérer les gestes. Le joueur gagne ainsi en fluidité et en efficacité, notamment dans les frappes et les duels.

II.4. S’entraîner sans matériel : routines accessibles

Le joueur intermédiaire doit commencer à s’entraîner hors des séances de club, au moins 1 à 2 fois par semaine. De nombreux exercices physiques peuvent être réalisés sans matériel :

  • Petits circuits d’agilité dans un jardin ou un parking,

  • Travail de gainage au sol sur tapis,

  • Courses à variation d’allure autour d’un terrain.

L’important est la régularité, pas l’intensité. C’est cette constance qui, sur plusieurs mois, crée la différence.

III. Comprendre la tactique et le rôle de son poste

À mesure que le joueur progresse, il ne peut plus se contenter de ses qualités techniques ou physiques : il doit apprendre à penser dans et autour du jeu. Cette évolution repose sur l’acquisition d’’une compréhension tactique minimale, d’une connaissance fonctionnelle de son poste, et d’une capacité à lire le jeu sans ballon (Bouthier & Darnis, 2004).

III.1. Introduire les bases tactiques

La tactique n’est pas réservée aux niveaux professionnels. Dès l’âge de 11-13 ans, un joueur peut intégrer des notions simples telles que :

  • La transition (passage attaque/défense),

  • La zone d’action prioritaire (où être selon la situation),

  • Le principe de couverture, de soutien et d’appel.

Ces concepts doivent être enseignés par le jeu, notamment en situations réduites ou à thème, car l’abstraction pure est peu efficace à cet âge (Delaunay et al., 2015). L’UEFA encourage ainsi une pédagogie “par le vécu” pour les catégories U12-U15 (UEFA Grassroots Charter, 2019).

III.2. Connaître les missions de son poste

Chaque poste a ses repères : lignes de course, zones de pressing, types de passes, zones de finition ou de couverture. Même sans spécialisation précoce rigide, il est essentiel que le joueur sache :

  • Quel est son rôle dans chaque phase du jeu,

  • Comment il interagit avec ses coéquipiers proches (triangle relationnel),

  • Quelles sont ses responsabilités minimales (repli, pressing, orientation du jeu...).

Les modèles tactiques simplifiés (ex. 2-3-1 en U11, 3-2-1 en U13, 4-3-3 en U15) peuvent être présentés visuellement, via croquis ou démonstration sur terrain réduit, pour matérialiser l’intention collective.

III.3. Jouer sans ballon : intelligence de déplacement

Une erreur fréquente chez les joueurs en transition est de “chercher à briller balle au pied”. Le jeu sans ballon représente pourtant 70 à 80 % du temps d’un match (INSEP, 2020). Savoir se démarquer, fixer un défenseur, libérer un espace, offrir une solution… ce sont des compétences tactiques majeures.

Ce travail peut se faire par consignes simples :

  • “Montre-toi dans un couloir”,

  • “Fais semblant de partir, puis reviens”,

  • “Joue un une-deux et réoriente-toi”.

Plus l’enfant comprend les effets de ses déplacements sur le collectif, plus il devient un joueur “intelligent” — critère de différenciation essentiel dès le niveau U14/U15.

IV. Organiser son entraînement personnel

Le joueur intermédiaire ne peut plus se contenter des séances de club. À ce stade, les progrès dépendent aussi de sa capacité à s’entraîner seul ou en petit groupe, en ciblant ses besoins, en structurant ses efforts, et en développant sa responsabilité individuelle (Durand, 2002).

IV.1. Pourquoi compléter le travail du club

Les séances de club (souvent 2 ou 3 par semaine) ne suffisent pas à corriger les lacunes spécifiques d’un joueur. En séance, l’entraîneur gère un groupe, un thème, un cadre. Il ne peut pas systématiquement ajuster le travail à chaque profil. Le travail personnel permet d’approfondir :

  • Son mauvais pied,

  • Sa condition physique,

  • Sa prise d’information ou de décision en jeu réduit.

Cette autonomie sportive est un marqueur du niveau intermédiaire (INSEP, 2020).

IV.2. Planifier ses séances : méthode simple

Une séance personnelle efficace doit :

  • Durer entre 30 et 50 minutes (qualité > quantité),

  • Être structurée : échauffement / thème technique ou physique / retour au calme,

  • Intégrer de la variation chaque semaine (thème technique, zone faible, duel, finition…),

  • Comporter au moins un défi mesurable (ex. : 20 passes en 1 minute, 10 frappes cadrées du pied faible…).

L’usage d’un carnet de séance est recommandé : il favorise la régularité, l’auto-évaluation, et la motivation (Couturier et al., 2016).

IV.3. Identifier ses points faibles

La progression réelle passe par l’analyse de ses limites :

  • Quels gestes je réussis mal sous pression ?

  • Est-ce que je joue trop vite ou trop lentement ?

  • Suis-je capable de répéter mes efforts physiques en match ?

Cette identification peut être faite via :

  • L’observation vidéo personnelle (smartphone, séquences club),

  • Le retour de l’éducateur ou d’un parent formé,

  • Une auto-analyse simple post-match (ce que j’ai bien fait, mal fait, à améliorer…).

IV.4. S’organiser sur la semaine

Un joueur intermédiaire (U13-U15) peut structurer une semaine type réaliste :

  • 2 ou 3 séances club,

  • 1 séance perso technique ou physique,

  • 1 moment de récupération active ou d’analyse (vidéo, auto-évaluation),

  • Au moins 1 jour complet de repos total.

L’équilibre charge/repos est fondamental, surtout autour de la puberté (Malina et al., 2015).

V. S’ouvrir à la culture du jeu et apprendre à observer

À ce stade, progresser ne consiste plus seulement à mieux exécuter, mais à mieux comprendre. Cela suppose une acculturation footballistique : développer une capacité à observer, analyser, comparer, décoder le jeu. Cette forme de culture est ce qui distingue un “joueur” d’un simple “participant”.

V.1. Apprendre à regarder un match

Le joueur intermédiaire doit apprendre à regarder un match avec intention :

  • Observer un joueur à son poste : comment il se déplace, quand il passe, comment il défend,

  • Suivre la structure d’une action : où part le ballon, qui l’oriente, comment le bloc se déplace,

  • Identifier les erreurs : mauvaise couverture, mauvais choix, perte d’équilibre…

L’UEFA (2022) encourage l’usage de séquences vidéo ciblées, courtes, analysées avec l’éducateur, pour intégrer ces notions sans surcharge cognitive.

V.2. Choisir ses modèles

Le joueur doit pouvoir dire : “J’aime jouer comme ce joueur, j’essaie de m’en inspirer”. L’identification joue un rôle crucial dans la construction des routines et des styles de jeu (Bandura, 1977).

Choisir un modèle ne signifie pas copier : cela permet de repérer des constantes comportementales (ex. pressing de Griezmann, déplacements de Gundogan, couverture de Kanté) et d’en faire des références internes.

V.3. Utiliser les outils numériques intelligemment

Les jeunes joueurs sont exposés à des centaines de vidéos de skills, de dribbles ou de montages sur les réseaux sociaux. Ces contenus sont souvent spectaculaires… mais peu utiles. Il faut apprendre à trier :

  • Ce qui est utile à son poste,

  • Ce qui est reproductible à son niveau,

  • Ce qui développe des réflexes réalistes en situation de match.

Des plateformes pédagogiques (FFF TV, UEFA Training Ground) ou chaînes éducatives YouTube (Footox, Jeandeboss, etc.) peuvent servir de base — à condition d’être accompagnées par un adulte ou éducateur.

V.4. Mémoriser, verbaliser, rejouer mentalement

La mémoire du jeu se construit aussi hors du terrain. Visualiser une action, imaginer une situation tactique, se repasser une erreur pour mieux l’analyser… tout cela développe ce qu’on appelle la mémoire procédurale et la visualisation mentale, deux compétences liées à la performance (Guillot & Collet, 2008).

Un joueur intermédiaire peut commencer à :

  • Se “rejouer” mentalement une action après match,

  • Raconter à l’oral une situation de jeu,

  • Imaginer une séquence d’entraînement ou un match à venir.


VI. Développer un mental de progression

Si les qualités techniques, physiques et tactiques conditionnent la performance visible, c’est souvent le profil mental du joueur qui détermine sa progression réelle sur le moyen terme. Motivation, persévérance, régularité, capacité à rebondir : ces variables dites “non techniques” sont décisives dans le passage du joueur intermédiaire au joueur confirmé (MacNamara & Collins, 2015).

VI.1. Passer d’une motivation externe à une motivation autonome

Au début, le joueur joue pour “faire plaisir”, “gagner” ou “être bon”. Mais à mesure qu’il progresse, il doit apprendre à s’engager par choix personnel. La théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2000) montre que la motivation devient plus stable lorsque l’individu perçoit qu’il :

  • Progresse grâce à ses efforts,

  • Est libre de choisir comment s’entraîner,

  • Est soutenu (mais pas contrôlé) par son environnement.

Ce passage d’une motivation externe à une motivation “auto-régulée” est le tournant du niveau intermédiaire.

VI.2. Adopter une discipline personnelle

Le joueur intermédiaire ne peut pas dépendre uniquement du regard de l’éducateur. Il doit apprendre à tenir ses routines, à venir à l’entraînement même sans envie, à finir un exercice sans le bâcler, à s’auto-corriger sans se décourager.

Cela demande :

  • Une organisation de son temps (entraînement, école, récupération),

  • Une attention à son hygiène de vie (sommeil, alimentation),

  • Une régularité dans l’effort, sans chercher la “motivation parfaite” à chaque fois.

C’est la discipline tranquille, celle que l’on retrouve chez tous les jeunes qui progressent durablement (Ericsson, 2007 ; INSEP, 2020).

VI.3. Gérer les échecs et les critiques

Un joueur qui monte de niveau va nécessairement rater plus souvent : les exercices sont plus durs, la compétition plus serrée, les attentes plus fortes. Il est donc essentiel d’apprendre à :

  • Voir l’échec comme un feedback d’apprentissage,

  • Chercher à comprendre ses erreurs, plutôt que les éviter,

  • Accepter la critique technique, sans s’y réduire émotionnellement.

Les recherches en psychologie du sport montrent que les joueurs résilients sont ceux qui perçoivent l’effort et la difficulté comme partie intégrante du processus, et non comme un “problème à éviter” (Sarkar & Fletcher, 2014).

VI.4. S’entourer intelligemment

Le mental ne se construit pas seul. L’environnement social influence profondément l’engagement. À ce stade, il est utile d’avoir :

  • Des coéquipiers avec qui s’entraîner régulièrement,

  • Des éducateurs exigeants mais bienveillants,

  • Un entourage familial qui encourage le processus plutôt que les résultats.

Un bon joueur intermédiaire apprend aussi à choisir ses influences : observer les bons joueurs, fréquenter ceux qui s’investissent, éviter les discours démobilisateurs.

Conclusion

Le passage du niveau débutant au niveau intermédiaire est une phase de transformation silencieuse. Rien ne change brutalement, mais tout évolue : la qualité du geste, l’intention dans le jeu, la régularité dans l’effort, la capacité à réfléchir, à s’organiser, à s’observer.

C’est à ce moment que les trajectoires se différencient. Certains stagnent parce qu’ils continuent de pratiquer “comme avant”. D’autres progressent, car ils comprennent que l’investissement personnel change tout.

Progresser à ce niveau, ce n’est pas “devenir un pro”. C’est prendre sa progression au sérieux, sans s’enfermer dans la pression. C’est apprendre à mieux jouer, mieux s’entraîner, mieux se comprendre. C’est construire un socle qui permettra, plus tard, de viser plus haut — ou simplement de jouer plus fort, plus juste, plus libre.